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Les fouilles de Guillemette Schlumberger

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Les fouilles de Guillemette Schlumberger

A supposer que ce soit la matière même des tableaux de Guillemette Schlumberger qui s’anime sous nos yeux, que ce soit elle seule qui constitue le sujet du tableau - prépondérance d’une dégustation visuelle plutot que narrative - à supposer que le pictural fasse mouche avant l’idée, s’il est vrai qu’il n’y a pas vraiment Sujet et Idée, que sa peinture soit pétrie dans la chair même de ses images, admettons tout de même que l’empreinte visuelle a un mirroir, que nous avons affaire à une imagination instinctive, au moins à un langage qui n’est pas tout à fait abstrait, qui n’est pas seulement jeu ou plastique aléatoire avec ses impasses.

Pour peindre, on ne peut pas s’être tout à fait exilé de notre “intérieur”, s’être immunisé contre nos poisons. L’originalité d’une peinture ne se résume pas à la seule facture de ses signes.

Au risque de se perdre, Guillemette Schlumberger nous raconte donc quelque chose, à mon sens, avec les matériaux de l’eau et de l’huile.

Omnivore gourmande, elle se plie aussi aux disciplines ascétiques du dessin et de l’aquarelle pour mieux aborder les acrobaties périlleuses du peint, quelquefois même celles de la sculpture, plus rassurantes.

Dans les fouilles de Guillemette Schlumberger, l’enthousiasme de la créativité se pare de couleurs luxuriantes. Mais que trouve t’on dans l’enchevêtrement végétal de hasards virtuoses, dans les replis d’une nature gorgée de sève, dans les ripailles vertes et bleues, les fouillis- cabane de l’enfance, dans ce monde flottant ou l’esprit nage?

Surgissent toujours et encore les fantômes d’enfants sans visage lachés à la vie et piégés dans leur contour ou ceux de femmes nues qui s’égarent en quête de joies inaccessibles, leur élan figé dans l’éclat de lumières aveuglantes.

Guillemette Schlumberger nous rend compte de ce que sa mémoire a défait et refait, du déchirement entre présent et passé, de ce que sa peinture a piégé pour nous dans des écrins appétissants et des écrans fragiles, un langage qui trouve son refuge avant de faire le nôtre, celui d’une tendresse vagabonde.

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Roland Cat, avril 2013

© 2014 Guillemette Schlumberger

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